Voilà c’est fini comme dit Jean- Louis Aubert…enfin presque ! Dernière semaine, derniers efforts, derniers cours, derniers conseils encouragements, derniers tests, dernière consultation avec le pneumologue et puis aussi dernières visites, derniers coups de téléphone, derniers bisous derrière la porte…
Demain, je retrouve la vraie vie.
Une valise est déjà prête, mon plaid imprimé bambou a quitté le fauteuil en skaï jaune moutarde, les photos de mes petits anges sont bien au chaud sous les chaussettes…J’ai gardé ma petite bouilloire pour les derniers thés ma boîte à gâteaux pour les derniers biscuits …Ma revue ELLE et les ‘ Chaussures italiennes’ de Henning Mankel, rescapé de la huitaine de livres que j’avais apportés et que je n’ai pas lus. Je suis enfin venue à bout des ‘ Ecureuils ‘. Vous savez pourquoi les écureuils de Central Park (Mon obsession à cause des comédies sentimentales américaines !) sont tristes le lundi ?
Parce que le samedi et le dimanche il y a plein de gens qui envahissent Central Park, qui les regardent, les chouchoutent, les distraient et que le lundi, il n’ y a plus de touristes, de gens pour leur tenir compagnie alors ils sont tristes !
Pour les malades hospitalisés, je crois que c’est la même chose…
Le beau temps fait sortir dans le Clinic Park les malades, convalescents et visiteurs. J’ai été coincée 1 heure sur un banc, alpaguée par une dépressive qui me racontait dans le détail ses déboires conjugaux. Il me suffisait d’hocher la tête car les mots de la dame s’enchaînaient à un débit rapide. …J’oubliais de vous dire ... Ah oui, il faut que je vous raconte …Au bout de 60 mn je savais tout du mari qui boit, de l’appartement à 300 mille Euros, de la demande de divorce …mais il est gentil parfois !!!
J’ai une tendance à attirer les confidences …Je me résigne et j’écoute les gens qui ont besoin d’une oreille…
L’air ambiant sent les vacances, la fin du stage. Mes partenaires du programme de réhabilitation se sentent bien à l’aise maintenant et nous avons fini par former une petite équipe sympathique avec des personnalités, des situations sociales et intellectuelles totalement différentes. L’éducatrice thérapeutique a dû être désespérée des résultats de ses cours sur la plupart de mes collègues. Mardi, elle nous a fait remplir des fiches sur la maladie respiratoire, sur la médication. Nous avions déjà rempli ces feuilles au départ et elle nous avait donné les corrigés. Elle a voulu savoir ce que nous avions retenu de ces informations. Elle n’a pas été déçue !!!
Alphonse n’a coché aucune réponse. J’ suis pas médecin !!!!
Pour faire l’évaluation, l’infirmière lui a tiré les vers du nez oralement mais à la deuxième question, il s’est rebiffé a dit qu’on n’était pas à l’école et qu’il faisait ce qu’il voulait et qu’il allait partir si ça continuait …no comment…Bas du béret il n’y a plus rien à faire pour lui…
Je crois qu’il faut aussi choisir son vocabulaire. Nous avons travaillé sur la confiance en soi. L’éducatrice nous dit qu’il faut qu’on se dise Je suis le meilleur !
Ça tique dans l’assistance …René dit que non, il y a toujours meilleur que soi…
L’infirmière répond que c’est par rapport à soi-même et non aux autres qu’il faut se regarder dans la glace et se dire je suis le meilleur.
Moues septiques. Moues d’incompréhension.
Je prends la parole pour faire part de ma propre expérience. Quand je veux faire quelque chose de compliqué, difficile … Je dis – Je ne suis pas plus bête qu’une autre…et cela me motive …
J’ai dit ce qu’ils doivent se dire aussi …mes collègues me sourient, oui, ils sont d’accord ...on n’est pas meilleur, on n’est pas plus bête !!!
Depuis, quand ils font un progrès quelconque, certains avec coup d’œil me lancent ...Eh ! On n’est pas plus bête qu’un autre hein ?
Les mots sont importants dans la vie …*
J’ai retenu quelques belles phrases pour vous.
IL faut secouer la vie autrement elle nous ronge. (Stendhal)
La vie est comme la bicyclette, il faut avancer pour garder l’équilibre. (Einstein)
