' Le sari rose' de Javier Moro est le dernier livre que j'ai acheté à la petite librairie de Pascale. Ce sera le dernier. Quelle tristesse quand une librairie meurt ...
Samedi, je me suis arrêtée devant la petite librairie bleu marine, inquiète de voir des grands pans de tissu blanc qui cachaient les deux minuscules vitrines de la librairie de Pascale. J'avais cru la semaine d'avant que la librairie était fermée pour vacances ou inventaire .Las! ' La boutique de l'imaginaire a fermé sa porte pour toujours.
ILS ont commencé à effacer les magnifiques lettres de son nom' Ma petite librairie' ...et derrière le rideau, les livres ont disparu et de vilains bouts de bois délimitent déjà un territoire où avant, s'alignaient les livres pour enfants.
J'ai fait ma curieuse et une main rapide remet le tissu pour me cacher la triste vérité. Feue la librairie, Pascale est partie...
Pascale , la libraire est arrivée il y a à peine trois ans . Elle avait aménagé une pièce dans une vieille maison à poutres apparentes. Petite, douillette, , la librairie sentait bon le papier et le thé. Pascale aimait les livres et faire partager ses goûts. Je lui parlais de mes petites filles métisses indo-bretonnes, elle me confiait son amour pour le littérature indienne. Je l'écoutais et achetais...
Puis, nous parlions de nous...
Pascale , qui avait laissé tomber l'enseignement pour se lancer dans l'aventure d'un commerce indépendant me parlait de ses craintes car ouvrir une librairie dans une petite ville proche de la capitale bretonne est un véritable challenge et les débuts furent un peu difficiles.
Les acheteurs ne se bousculaient peut-être pas, mais à la fin de l'année , Pascale me semblait pleine d'espoir car elle avait réussi à fidéliser plusieurs clients. Insuffisant, il faut le croire!
Pascale avait donc beaucoup misé sur sa petite entreprise . En essayant de maintenir le cap, elle se donnait corps et âme à sa boutique. Beaucoup d'heures passées hors de la maison, beaucoup d'inquiétude sans doute et de stress même si le plaisir d'être libraire était toujours intact...
Seulement voilà, à force de délaisser son autre vie ...à force d'aimer passionnément sa librairie ....son mari l'a plaquée l'année dernière!
Elle m'en parlait tristement mais courageuse, elle me disait- Il me reste ma librairie!
. Nous parlions de William Boyd et je continuais à lui acheter des livres d'auteurs indiens pour lui faire plaisir...
Samedi matin, en voyant les rideaux opaques, les lettres effacées, je me suis sentie toute triste ...